Pionnier dans l’introduction du pass sanitaire, le Danemark a levé ce mercredi 1er septembre l’obligation de ce laissez-passer dans la quasi-totalité des lieux publics. Cette décision intervient quelques jours avant la levée de l’ensemble des restrictions en dépit de la propagation de la quatrième vague en Europe. « C’est un jour un peu particulier », concède Éric Poezevara, restaurateur à Copenhague. « On ne va pas le regretter, mais je trouve que c’était vraiment très bien de l’avoir mis en place. Cela a été le point de départ de l’espoir. »
Le « coronapass » – qui, comme en France, certifie d’un test négatif ou d’une immunisation contre le virus, soit par vaccination complète, soit parce qu’on a déjà contracté le Covid-19 – n’est donc plus nécessaire aux portes des salles de sport ou des salons de coiffure, mais restera obligatoire pour entrer dans les boîtes de nuit. Ce sera l’un des derniers lieux du pays soumis à cette règle sanitaire, étant donné que les musées et les salles de spectacles (avec moins de 500 personnes) en été déjà exemptés depuis le 1er août 2021.
Ainsi, avec 71,6 % de sa population entièrement vaccinée, conjuguée à la suspension du pass sanitaire, le pays scandinave de 5,8 millions d’habitants devrait bientôt retrouver un quotidien similaire à celui d’avant la pandémie. « L’épidémie est sous contrôle, nous avons des taux de vaccination record », a assuré vendredi dernier le ministre de la Santé, Magnus Heunicke.
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La fin du « coronapass »
Lancé en catimini début mars pour la réouverture des zoos, le pass sanitaire danois avait été progressivement étendu, devenant le corollaire de chaque étape de la réouverture du pays. Avec 71,6 % de la population entièrement vaccinée, le pays scandinave de 5,8 millions d’habitants devrait retrouver bientôt un quotidien similaire à celui d’avant la pandémie.
Le « coronapas », qui certifie d’un test négatif ou d’une immunisation contre le virus, soit par vaccination complète soit parce qu’on a déjà contracté le Covid-19, ne doit plus être présenté à partir de mercredi que dans les boîtes de nuit, qui rouvrent ce jour.
Il disparaît des salles de sport ou les salons de coiffures mercredi et n’était plus obligatoire depuis le 1er août dans les musées et salles de spectacles avec moins de 500 personnes.
Le 10 septembre, date choisie par l’exécutif pour lever toutes les restrictions, après avoir déjà relégué le masque aux oubliettes mi-août, il ne sera plus du tout requis.
« L’épidémie est sous contrôle, nous avons des taux de vaccination record », a assuré le ministre de la Santé, Magnus Heunicke, justifiant la levée des restrictions.
Avec environ un millier de nouveaux cas par jour, le Danemark n’est « pas sorti de l’épidémie », a-t-il toutefois prévenu.
Pour l’OMS, le Danemark « champion de la couverture vaccinale » a les moyens d’assouplir les règles grâce à la qualité de son système de dépistage et au séquençage.
L’entrée au Danemark reste, elle, toutefois sujette à la présentation d’un passeport sanitaire et/ou d’un test négatif.
Paris risqué ?
Il faut dire que les chiffres sont encourageants dans ce pays de 5,8 millions d’habitants, avec 72% de sa population intégralement vaccinée. En outre, les plus de 85 ans sont 96% à être protégés et le taux d’incidence a été baissé à 102 pour 100.000 habitants, contre 179 en France.
Du fait de ces résultats, les autorités locales ont levé progressivement les restrictions, jusqu’au 10 septembre, date à laquelle les Danois retrouveront effectivement « le monde d’avant. » A l’antenne de BFMTV, Yannick Crozier propriétaire d’un restaurant appelé « La pétanque » à Copenhague, fait état de la situation locale.
« Ça fait un petit moment que les choses vont beaucoup mieux, le mois dernier on n’avait plus besoin de masques et hier plus besoin de contrôler les coronapass. On reste prudents, j’ai des amis malades dernièrement, le virus est là mais je crois qu’il y a plus de 72% de vaccinés, il y a peu de malades en réanimation, c’est une situation assez positive », estime-t-il.
Cependant, le pari pris par les autorités danoises peut s’avérer risqué. Toujours à notre antenne Hélène Rossinot, médecin spécialiste de santé publique, estime que toutes les conditions à une levée quasi-totale des mesures restrictives ne sont peut-être pas réunies.
« Ils ont une vaccination qui est très élevée, certes, mais ils ne sont pas non plus à 90% de la population. On va voir ce que ça donne chez eux, c’est très bien que les personnes très âgées soient vaccinées. Nous on a du mal encore à aller chercher ces derniers pourcentages dans les territoires », conclut-elle.
Une campagne de vaccination plus rapide
Si la levée du pass sanitaire au Danemark a été aussi précoce, c’est également grâce à une campagne de vaccination qui a été particulièrement rapide. Selon les derniers chiffres communiqués par les autorités sanitaires, au moins 71,5% de la population danoise est complètement vaccinée contre le Covid-19, et 96% des personnes de plus de 85 ans est protégée face au virus. En France, 66% de la population est dans cette situation.
Le gouvernement danois reste cependant prudent en ce qui concerne l’évolution future de la situation sanitaire, dans un contexte où « de nouveaux variants apparaissent » et « menacent le contrôle de l’épidémie ». Si le pass sanitaire s’apprête brusquement à quitter la vie des Danois, les autorités ont davantage de mal à abandonner le masque. En France, le gouvernement a fixé la fin du pass sanitaire au 15 novembre prochain. Les autorités se réservent le droit de prolonger l’échéance « si le Covid-19 ne disparaissait pas de nos vies », s’est inquiété le ministre de la Santé, Olivier Véran.
L’OMS alerte sur une reprise épidémique probable
Pour l’OMS, le Danemark, « champion de la couverture vaccinale », a en effet les moyens d’assouplir les règles sanitaires grâce à la qualité de son système de dépistage et au séquençage. « Le système de santé danois est capable de mettre en œuvre une stratégie à grande échelle de test, qui inclut le séquençage génomique », a détaillé ce lundi le directeur Europe de l’organisation onusienne, Hans Kluge.
Cependant, avec près d’un millier de nouveaux cas par jour, le Danemark n’est « pas sorti de l’épidémie », a-t-il averti, assurant que le gouvernement pourrait resserrer la vis en cas de besoin. La levée des restrictions, combinée à la prévalence du variant Delta, pourrait en effet entraîner une flambée des cas chez les non-vaccinés, ont alerté des scientifiques. « On ne voit pas très bien dans la boule de cristal. Mais il est très réaliste de penser qu’environ la moitié de la population non-vaccinée sera infectée au cours des trois ou quatre prochains mois », entraînant une hausse des hospitalisations, a déclaré à l’agence Ritzau l’épidémiologiste Viggo Andreasen, de l’université de Roskilde.
Lancé en catimini début mars 2021 pour la réouverture des zoos, le pass sanitaire danois avait progressivement été étendu à l’ensemble des lieux du quotidien, devenant le corollaire de chaque étape de la réouverture du pays. Disponible via une application ou sur papier, sa mise en œuvre avait toujours été présentée comme provisoire, avec une date de péremption initialement fixée au 1er octobre. « Je pense que ça serait un peu trop de continuer à l’imposer », a souligné Éric Poezevara, qui le verra complètement suspendu le 10 septembre prochain. Les voyageurs européens, eux, devront toujours le présenter pour entrer dans le pays.